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mardi 20 septembre 2016

Russie: les élections du 18 septembre 2016 consacrent le retour du monopole politique d'Edinaya Rossiya

Résultat de recherche d'images pour "итоги выборов в госдуму 2016"

Les élections de dimanche furent quand même une surprise. Si la victoire d'Edinaya Rossiya était attendue, car ce parti n'a pas d'opposant réel potentiel et les turbulences internationales conduisent les électeurs à se serrer les coudes autour d'un axe stable, le mésamour qu'a développé le parti dans la population, justement en raison de sa domination politique, laissait croire à un score plus faible.  Ce que les sondages annonçaient. Toutefois, le Parti a pris le taureau par les cornes lors de la campagne électorale, qui fut, de son côté et contrairement à beaucoup d'autres, d'un grand professionnalisme et a obtenu la majorité constitutionnelle avec 343 députés sur 450.


Le 18 septembre 2016 se sont tenus trois scrutins principaux: les élections des députés de la Douma fédérale (la chambre basse du Parlement russe), l'élection de 9 gouverneurs et l'élection des députés locaux dans 39 des 85 entités fédérées, ou Sujets de la Fédération, que compte la Russie ainsi que 11 centres administratifs de Sujets, des chefs de municipalités et des députés municipaux.

Résultats électoraux

En ce qui concerne l'élection des Gouverneurs, tous les gouverneurs nommés par intérim furent reconduits dans leur fonction suite aux élections. Dans 7 cas, il s'est agit d'un suffrage universel direct (par la population), en république d'Ossetie du Nord et en république de Karatchaïévo-tcherkessie l'élection est indirecte, elle est faite par les assemblées locales.

Pour ce qui concerne des élections directes:
  • Tchétchénie : Kadyrov 98%
  • Toula: Diumine 84%
  • Tver: Rudena 72%
  • Ulianov: Morozov 54%
  • Transbaïkalie: Jdanova 54%
  • Komi: Gaplikov 62%
  • Touva: Kara-Ool 86%
Pour les élections des assemblées régionales, dans la plupart des cas, elles conservent la partition en 4 partis politiques, comme à la Douma fédérale: Edinaya Rossiya (Russie Unie), Parti Communistes, LDPR et Spravedlivaya Rossiya (Russie juste). Mais également 5 autres partis, qui n'entrent pas à la Douma, ont pu obtenir des députés locaux : Iabloko, Patrioty Rossii, Partia rosta (Parti de la croissance), Rodina (Patrie), Partia pensionerov (Parti des retraités). La victoire d'Edinaya Rossiya est visible également dans les régions, car le parti obtient entre 40 et 50% selon les Sujets pour le scrutin de parti et également la majorité au scrutin individuel nominatif des députés. (plus de détails en russe ici).

Ce qui a évidemment, le plus retenu l'attention, est l'élection des députés de la 7e législature à la Douma fédérale. Le taux de participation était de 47,78%. Ici, la victoire de Edinaya Rossiya est absolument écrasante. Les résultats officiels seront annoncés vendredi, mais à un dépouillement de 99,38%, on obtient ces résultats:
  • Ediaya Rossiya: 54,18%
  • Parti communiste: 13,35%
  • LDPR: 13,16%
  • Spravedlivaya Rossia: 6,21%
  • Communistes de Russie: 2,40%
  • Iabloko, 1,77%
  • Parti des retraités 1,75%
  • Rodina: 1,42%
  • Partia Rosta; 1,11%
  • Les Verts: 0,72%
  • PARNAS: O,68%
  • Patrioty Rossii: 0,57%
  • Grajdanskaya Platforma (platforme citoyenne): O,22%
  • Grajdanskaya Sila (force citoyenne) : 0,13%
Les régions dans lesquelles Edinaya Rossiya a obtenu le plus de voix sont la Tchétchénie (96,3%), le Daghestan (88,6%), le Tatarstan (85,4%), la Mordovie (84,9%) et Touva (83,8%). 

Il faut noter que toute la nuit, les communistes et LDPR étaient au coude à coude, passant l'un devant l'autre. Finalement, LDPR a augmenté ses résultats et les communistes ont baissé, mais gardent de justesse, cette fois, leur titre de premier parti d'opposition. Toutefois, si aucun renouvellement ne se passe dans le parti, il y a des chances que ce soit pour la dernière fois. Les résultats montrent également l'échec total, et attendu, de l'opposition radicale, mais également du mouvement lancé par l'ombudsman des entrepreneurs, Titov, dont le Parti Rosta (Parti de la croissance) fait à peine 1%. Ce qui est un échc personnel important pour lui et pose la question de la suite de sa carrière et du poids des réformes qu'il propose avec tant d'insistance. Il faut dire que de nombreux couacs dans la communication ont eu lieu lors de la campagne, certains des membres prenant des positions radicales en matière de politique internationale, assez proche de celles du PARNAS, ce qui a fortement joueéen sa défaveur, mais a également eu pour effet de diminuer l'électorat potentiel et déjà faible en Russie, pour cette catégorie politique.

Comment expliquer les résultats de Edinaya Rossiya

Les résultats d'Edinaya Rossya s'expliquent par plusieurs facteurs. Tout d'abord, le parti, consсient de sa popularité relative et fragile, a tout mis en oeuvre pour à la fois changer d'image et utiliser un transfert de légitimité.

Le point de rupture fut l'organisation de primaire afin de renouveller les membres et également changer l'image de fonctionnaires de la politique ou de technocrates qui s'attache à ce Parti. Edinaya Rossiya a fait entrer dans ses rangs des acteurs de la société civile, des professionnels divers et variés  qui ont un disocurs ouvert, franc et vivant et a sérieusement rajeuni sa moyenne d'âge. Le deuxième élément est la quasi "invocation" de la paternité présidentielle à chaque spote publicitaire. La forte popularité du Président a permis de redorer l'image et donner confiance à des électeurs, un peu perdus dans la nébuleuse, pas toujours politiquement évidente, des réformes conduites.

Parallèlement à cela, il ne faut pas oublier le facteur international de tension et la russophobie montante, qui est la meilleure campagne qui puisse être faite pour le parti du pouvoir. En période d'instabilité, les gens vont chercher des points de repaire clairs et fiables. C'est la démarche naturelle, en absence de pression étrangère sur la société, à l'inverse de ce qui fut le cas en Ukraine. Et la politique menée par Edinaya Rossiya a, en ce sens, tout ce qui peut attirer, car justement, il n'y a quasiment pas de politique, il y a surtout du pragmatisme. Il faut plus de social? On fait plus de social? Il faut libéraliser? On libéralise. Chacun y trouve ce qu'il cherche. Seul le résultat compte: il faut que ça marche. Ce qui cause également de sérieux problèmes pour les autres partis politiques qui ont des difficultés objectives à créer ou défendre, sans même parler de développer, leur niche politique.

Le monopole d'Edinaya Rossiya à la Douma

Rien ne vaut une image.

En bleu, les mandats obtenus par Edinaya Rossiya (76,2%), en rouge par le Parti communiste (9,3), en jaune par LDPR (8,7%), en mauve par Spravedlivaya Rossiya (5,1), autres partis en noir (0,4%), sans parti en bleu ciel (0,2%).

Ce qui en nombre de sièges fait:



Sur les 450 sièges, 343 pour Edinaya Rossiya, 42 pour les communistes, 39 pour LDPR, 23 pour Spravedlivaya Rossiya. Deux nouveaux partis entrent à la Douma grâce à l'élection nominative de députés, chacun avec un membre: Rodina et Platforme citoyenne. Encore 1 député sans parti.

La situation d'Edinaya Rossiya va être extrêment complexe. Elle est, certes, en situation objective de monopole politique, mais la conjoncture sociale ne peut lui permettre de gouverner en monopole. Elle va donc être amenée à trouver d'elle-même des compromis pour laisser un espace aux autres partis.

Encore un élément intéressant dans cette répartition des voix et des sièges. Plus qu'une distinction gauche/droite qui ne tient pas, l'orientation idéologique des partis renvoie plutôt à une division intérêt national.globalisation. Et le choix de la défense de l'intérêt national a été très fortement exprimé. Ceci n'est pourtant pas une spécialité russe. Lorsque l'on observe les partis politiques français, la dichotomie droite/gauche ne tient plus vraiment. La gauche mène une politique de droite et la droite avance des propositions sociales. Réalisme oblige. Surtout que l'enjeu est ailleurs. Il se situe entre plus d'intégration européenne avec perte proportionnelle de souveraineté ou défense de l'intérêt national. Mais qui peut se présenter à des élections en ayant pour programme ouvert la perte de souveraineté? Donc la fiction du partage droite/gauche est maintenu pour ces partis qui avancent à couvert, les politiciens qui ne jouent pas le jeu sont rejetés en dehors du "jeu démocratique", donc de l'acceptable.

La Russie est ici moins hypocrite. Les Partis comme PARNAS ou Parti de la croissance ont officialisé leur position radicale, et l'ont payé. Mais ils furent intégrés dans le jeu démocratique. Il y a des leçons à tirer pour la France aussi. Ici comme là, le fait minoritaire est exhibé, par les perdants en Russie, par le tenants du pouvoir à faible cote de popularité en France, comme un signe distinctif devant faire oublier la logique démocratique majoritaire. La Russie a fait le choix de la démocratie, à nous de faire le notre.

Reste la question de la reconnaissance des élections. Ces élections sont les plus propres et les plus transparentes jamais organisées et c'est une grande victoire pour Ella Pamfilova et la Commission centrale électorales. Les infractions remarquées ont conduit à l'annulation immédiate du scrutin dans certains bureaux de vote, mais il est impossible de parler de violation massive. Evidemment, l'UE s'est empressée de ne pas reconnaître les élections en Crimée et la Grande Bretagne est très inquiète pour la violation des droits de l'homme en Russie. Mais pouvait-on réellement attendre autre chose? Pour cela, il aurait fallu un peu plus de maturité politique.





6 commentaires:

  1. Bonsoir Karine, le résultat des élections en Russie me réjouissent ; le Figaro a diffusé une vidéo montrant un ou deux bourrages d'urnes ; sauriez-vous de quelle région il s'agit et les élections ont-elles été annulées ? Merci à vous et vive la Russie !

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  2. Bonsoir en effet ça a eu lieu à Rostov. La Commission életorale en a parlé elle-même, avant les associations de type Golos et autres ONG. Et les résultats furent immédiatement annulés, une enquête pénale est ouverte.

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    1. Merci beaucoup pour votre réponse ! Je sens que je vais être attaqué sur ce point dès que je parlerai de la Russie ; un homme averti en vaut deux ! Et pardon pour la faute d'inattention: le résultat des élections en Russie me réjouit et non me réjouissent

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  3. Merci pour cet article si détaillé sur les élections en Russie.Il ne faut pas se faire d'illusions, pour les médias français et occidentaux, tout ce qui se passe en Russie ne peut être que négatif.
    Sur TV3, ils viennent d'accuser sans preuves, comme d'habitude, les russes et l'armée syrienne, d'avoir bombardé le convoi humanitaire de l'ONU à Alep, alors qu'il y a de fortes probabilités pour que ce soit Al Nosra qui ait fait le coup et, qui continue donc de faire du bon boulot.

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  4. Le résultat des élections en Russie me procure un immense plaisir; il traduit un hommage de la Nation à Vladimir Poutine qui sait être un véritable homme d'état qui défend son pays et son peuple. Il est l'un des seuls au monde.

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  5. Le résultat des élections permet de poursuivre les manœuvres de réorganisation de l'appareil d’État : Путин предложил Нарышкину возглавить СВР
    http://www.rbc.ru/politics/22/09/2016/57e3f8d89a794760fc911f3e

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