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vendredi 26 avril 2013

Le grand projet de Medvedev d'une télévision sociale ressemble étrangement à ... France 3

Voir: http://kommersant.ru/doc/2179040?fp=34

En 2012, sous l'impulsion de Medvedev alors Président, un grand projet d'une "télévision sociale", censée représenter les intérêts de la société civile, révolutionnaire dans sa conception et totalement indépendante a vu le jour. Cette chaîne devait débuter en janvier 2013, mais faute de savoir de quoi parler, faute d'argent pour financer sa structure, le délai à été reporté.
 
Et ce moment tant attendu approche. Fin mai. Alors ce que l'on en lit pourra faire sourire en France, où la population connaît bien la chaîne France 3. Pourtant, toute ressemblance est fortuite :)
 
Cette chaîne "sociale" est en fait pour l'instant entièrement financée par de l'argent public. Donc de fait on peut parler d'une chaîne publique.
 
Quant à ses programmes, elle ne veut pas être dans l'opposition - donc a priori la direction de la chaîne veut montrer patte blanche. Sans pour autant expliquer ce qu'elle entend par "être dans l'opposition". Il semble que cela concerne la critique: nécessaire mais constructive. On ne peut qu'être d'accord. Mais justement là n'est-il pas le rôle de l'opposition? Une critique constructive pour la société et l'Etat, autrement dit le seul moyen de passer légitimement de l'opposition (de la minorité) à la majorité (au pouvoir). Mais passons.
 
Sur le fond, il faut faire connaître la Russie, ses régions, ses richesses locales, donner quelques heures ou jours d'antennes à des rédactions locales. Et ce, tout autant dans l'information, que dans des reportages. Mais comme le budget, et le manque d'argent, ne permet pas de lancer le tournage des nombreux reportages sur les régions russes, ils vont récupérer ce qui a déjà été tourné et diffusé par les rédactions locales. Et le rediffuser.
 
Bref, l'argent doit encore être trouvé. Et comme l'affirme la direction de la chaîne, ils vont aller le chercher où il est: au Gouvernement. Pour l'instant, ils n'ont pas de moyens techniques et vont utiliser ceux des autres. Sur le fond, ils vont aller chercher des documentaires déjà tournés et diffusés.
 
A quoi peut bien servir ce projet? Pour quoi débourser autant d'argent public?

jeudi 25 avril 2013

La déplorable image morale des députés dans la population

Voir: http://newsru.com/russia/25apr2013/obrazd.html

La majorité des russes interrogés par l'institut de sondage considère les députés comme des voleurs et corrompus, mais professionnellement compétants. Du côté, des parlementaires, ils expliquent ce phénomène par le jeu de l'exécutif qui a intérêt à soutenir une telle image.
 
Une personne interrogée sur cinq assimile le député à un voleur, un escroc et autres qualités du même genre. Seulement 4% des personnes interrogées pensent à un représentant du peuple.
 
Mais il est intéressant de voir que la population différencie très nettement l'appréciation morale de l'appréciation professionnelle. Sur le plan moral, les députés sont totalement discrédités. Ils mettent en avant leur intérêt personnel (60%), ils sont déconnectés du peuple et méprisent les gens (57%), sans principes (45%), irresponsables (42%). Mais dans le même temps, ils sont considérés comme agréables et intéressants (38%), comme des professionnels qui connaissent leur affaire (42%), comme de bons orateurs (56%), comme intelligents (57%).
 
Donc, si l'on veut faire court, on peut dire que dans la représentation que la population se fait de la fonction parlementaire, les députés seraient de séduisants escrocs cyniques connaissant bien leur affaire.

mercredi 24 avril 2013

Cour constitutionnelle: chaque électeur peut contester les résultats des élections

Voir: http://www.ksrf.ru/ru/News/Pages/ViewItem.aspx?ParamId=3087

Le 23 avril, la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie vient de prendre une décision sensationnelle: chaque électeur dispose désormais du droit de contester directement en justice le résultat des élections de sa circonscription électorale. Revenons sur la décision.
 
Les requérants (des membres de la section régionale de l'Oblast de Voronej du parti Spravedlivaya Rossiya, des membres des bureaux de vote, des observateurs et des électeurs de Voronej et de Saint Pétersbourg), ayant pris part aux élections notamment de la Douma, ont contesté les résultats devant les juridctions ordinaires. Et en première instance et en appel, leur recours a été rejeté car le droit des électeurs s'arrête au moment de l'opération de vote. Les possibles violations de la législation lors du décompte des voix ne touchent que les intérêts des candidats et des partis, représentés par leurs organes dirigeants. Les électeurs n'ont donc pas d'intérêt à agir, à la différence des partis politiques qui, eux, ont le droit d'attaquer devant la justice les résultats officiels.
 
En s'adressant à la Cour constitutionnelle, avec la participation de l'Ombudsman fédéral, leur argumentation reposait sur la contestation de l'interprétation donnée par les juridictions ordinaires qui, selon eux, empêchait les électeurs de pouvoir se défendre contre les falsifications, contre le fait qu'on leur ait "volé" leur voix. Selon l'Ombudsman, l'interprétation retenue par les juridictions va à l'encontre de la libre expression de la volonté populaire, principe défendu par la Constitution.
 
La Cour constitutionnelle a soutenu la position des requérants. Selon elle, l'acte de vote ne se limite pas à l'expression d'intérêts politiques privés, il participe à la réalisation de la souveraineté populaire. C'est pourquoi, chaque électeur est en droit d'attendre que sa voix soit correctement décomptée et attribuée. L'intérêt général comprend alors de la même manière l'objectivité des résultats et la formation des organes publics. Ainsi, le droit de vote ne peut s'arrêter au moment de l'opération de vote, sans remettre en cause non seulement la valeur constitutionnelle de ce droit, mais également de l'institution des organes  de démocratie représentative. Et ici, le principe du secret du vote ne peut être une barrière, puisque la violation de la législation lors du décompte des voix remet en cause et la légitimité des organes publics et le principe de la souveraineté populaire. Donc, l'intérêt de chaque électeur est de pouvoir garantir la réalisation totale de son droit. Ce qui concerne également le droit d'agir en justice, au même titre que les partis politiques. Mais, dans la mesure où la législation ne prévoit pas quelle décision de la commission électorale il est possible d'attaquer, la pratique judiciaire a interprété cette lacune comme un fondement pour rejeter les recours. En ce sens, la législation viole la Constitution.
 
Le législateur fédérale doit donc préciser le régime du recours par les citoyens des décisions prises par les commissions électorales en ce qui concerne le décompte des voix et l'annonce des résultats. En attendant la modification de la législation en matière électorale, le juge ordinaire n'est pas en droit de rejeter les recours des électeurs concernant le décompte des voix et l'annonce des résultats effectués dans leur circonscrption électorale.
 
La décision de la Cour constitutionnelle est louable, dans le sens où elle entend garantir un exercice réel non seulement du droit de vote, mais en réalité de la souveraineté populaire, dont le droit de vote n'est qu'un instrument. Toutefois, si la législateur n'encadre pas strictement ce nouveau recours, il est facile de prévoir et l'engorgement des juridictions, et l'inflation des décisions de rejet sur le fond. Ce qui ne va pas aller dans le sens politique sous-entendu par la décision constitutionnelle, à savoir replacer le débat sur la légitimité des élections dans les juridictions et non dans la rue.
 
Bref, la question se pose sérieusement de savoir si la Cour constitutionnelle ne vient pas d'ouvrir la boîte de Pandorre ...
 
 

mardi 23 avril 2013

Le ministre de l'éducation cristallise le combat des clans

Voir: http://izvestia.ru/news/549123
http://izvestia.ru/news/549112

Le ministre de l'éducation, Livanov, fait (presque) l'unanimité contre lui. On lui reproche les scandales concernant les soutenances des thèses, la réforme catastrophique de l'éducation qui permet surtout d'augmenter substantiellement les tarifs des maternelles, de réduire le nombre de bourses d'études et d'annuler les bourses d'études pour les orphelins. D'une manière générale, il lui est reproché d'entrer systématiquement en conflit avec les milieux enseignants et scientifiques.
 
Pourtant, il fut largement défendu par Medvedev lors de son discours au Parlement, soulignant un peu légèrement qu'il ne peut pas plaire à tout le monde. Le premier vice-premier ministre le soutient également.
 
Mais des députés de toutes les fractions parlementaires ainsi que les membres du Front populaire de Poutine sont en train de réunir des signatures pour demander qu'il soit démis de ses fonctions. Parallèlement, un député Edinaya Rossiya s'est adressé au Procureur général pour vérifier l'utilisation des fonds déboursés par le budget fédéral lorsqu'il était recteur de son Université. La question se pose pour plus d'un milliard de roubles.
 
Un des effets secondaires du combat touche l'Université d'Etat de Moscou Lomonossov. A travers l'élection du doyen de la faculté de droit, qui n'a pu être validée hier, c'est le recteur Sadovnitchy qui est attaqué. Deux conceptions de l'enseignement et de la recherche. De projets de sociétés s'affrontent.
 
La cohabitation de fait entre Poutine et Medvedev montre des signes d'essouflement et de tensions. La normalisation du système est impérative pour éviter tout risque d'explosion.