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vendredi 24 août 2012

Totalitarisme, idéologie et libéralisme: le monde de Pussy Riot

Voir: http://www.snob.ru/profile/11632/blog/52030
http://www.guardian.co.uk/politics/2012/aug/22/conservative-friends-russia-under-fire
http://www.gazeta.ru/social/news/2012/08/23/n_2498121.shtml

Nous vivons dans un monde merveilleux, complexe, d'où certainement merveilleux. Lors de ces heures d'insoucience, sur les bancs de la fac, où le monde est encore simple, se sépare en bons et en méchants - et l'on est bien évidemment du côté des bons - j'ai été bercée d'idées qui m'ont beaucoup plues, et qui, malheureusement, me plaisent encore beaucoup.
Dans une chambre banale de cité-U, les murs s'effaçaient et l'humanisme de Vedel s'épanouissait, la rigueur de Duguit prenait de la profondeur. C'est alors que je me suis persuadée de la beauté de l'humanisme, qui ne peut exister que dans le libéralisme. L'homme est une valeur en soi. C'est même la seule valeur. Le sens de notre vie, le fond de la philosophie, la raison d'être du droit, c'est l'homme. Il est aussi l'enjeu. L'enjeu de la politique, l'enjeu de l'idéologie. Mais il ne peut s'épanouir que dans sa diversité. Il ne peut se construire que dans un environnement pluriel. Socialement. Politiquement. Idéologiquement. Pluriel. Toute idéologie qui tant à contraindre l'homme de l'intérieur pour le transformer ne peut être humaniste, ne peut être libérale. Car il manque un élément fondamental, le respect de l'autre en tant qu'autre, un autre soi.
De là, venait la distinciton, en droit, entre les concepts d'autoritarisme et de totalitarisme. L'autoritarisme transformait par la force, si nécessaire, le monde qui entourait l'individu. Influençant, évidemment, sa structure mentale avec le temps, mais ce n'était qu'un effet secondaire, une sorte de dégât collatéral, pour reprendre le vocabulaire tant "apprécié" aujourd'hui. Le totalitarisme touche au plus profond de l'homme, veut le modifier, le transformer, comme cela avait été voulu avec l'homo sovieticus.
Ne serions-nous pas en train de vouloir créer une sorte d'homo liberalus?
Car un tournant vient d'être pris et, décidemment, ces jeunes femmes du groupe Pussy Riot, sont un révélateur indispensable de notre époque. Condamnée à deux ans de prison ferme pour avoir chanté, moins d'une minute, une chanson punk dans une église orthodoxe, le monde médiatisé s'enflamme.
Pourtant ...
Pourtant qui se souvient du nom de ce jeune homme, en 2006, à Berlin, qui a distribué des tracts dans une église et a pris 9 mois ferme de prison? Où étaient Madonna et le star système? Où était Amnesty international? Pourquoi la blogophère, Facebook, gardent un pieux silence et personne n'a fait un tel raffus? Quelle est la différence? Est-il important de prendre en compte l'Eglise qui est visée? Le pays? Il ne s'agit plus alors de droits de l'homme. L'Homme ne connait ni religion, ni pays. Il Est.
Que se passera-t-il pour les deux hommes et la femme qui ont fait une action en soutien à Pussy Riot dans la cathédrale catholique de Cologne? Ils risquent jusqu'à 3 ans de prison, et l'incrimination, la peine, sont prévues par le système juridique. Si le vicaire a calmement réagit et a proposé à ses ouailles de prier pour la réalisation des voeux des jeunes intervenants, ils n'en ont pas mois été arrêtés. Un représentant de l'Eglise, se prononçant officiellement pour la poursuite pénale, a par ailleurs déclaré que de tels actes dans son Eglises sont inadmissibles et ne peuvent être tolérés. Pour lui, la liberté de manifestation ne peut être considérée comme plus importante que la liberté du culte. Où sont les réactions?
Ces attitudes sont dangereuses. Les critères du possible et de l'interdit ne sont plus objectifs. Certains Etats ont droit à une réaction, qui est déniée à d'autres. Dans le silence qui entoure cette affaire, il suffit, par ailleurs, de lire un article de The Gardian. Les membres du groupe conservateur des amis de la Russie sont fustigés pour avoir accepté une invitation à l'ambassade de Russie, mais surtout, parce que le parti conservateur a eu l'outrecuidance de faire des liens vers des médias pro-kremlin comme pravada.ru, qui soutient un site, politonline.ru, qui ose... critiquer l'opposition. Les critères seraient donc géographiques .... Non idéologiques.
Pour s'en convaincre, il est possible de lire la publication sur snob.ru de Ilya Faybissovitch, qui glorifie l'opposition russe, justement celle qui n'a pas le soutien populaire. Revenant - encore une fois - à l'affaire Pussy Riot, ce charmant jeune homme souligne la faible présence des masses populaires lors du procès. A juste tite, comme l'ont souligné V. Milov et E. Limonov, la plupart de la population n'est pas de leur côté. Il leur semble bon, alors, dans une logique réellement et sainement politique, de ne pas trop insister sur la question en vue des élections. Les gens sont aussi des électeurs, et l'élection est quand même le moyen normal d'arriver au pouvoir ... Mais non, l'auteur, lui, glorifie l'opposition de ne pas prêter attention aux souhaits des gens, de faire de la politique indépendamment du peuple, même quitte à s'en éloigner. Et tant mieux car il faut justement s'éloigner de ce peuple pour "aller vers un autre peuple, meilleur " (citation), qui ne manquera pas d'apparaître, si l'on ne baisse pas les bras. Bref, un nouveau peuple à créer.
Et c'est là que le totalitarisme apparaît. On passera sur la mauvaise foi, qui consiste à reprocher au Kremlin de voir dans son peuple une masse d'électeurs dont il faut tenir compte, quand à l'automne précédent il était reproché exactement l'inverse au pouvoir, à savoir d'organiser les élections indépendamment des gens, puisque ce même pouvoir ne voyait pas en eux des électeurs. Mais, la question n'est déjà plus là. Cette apposition, de toute manière, ne veut pas se frotter aux élections, ou plutôt aux électeurs. 
Il s'agit de la volonté affirmée - et déjà mise en oeuvre - de la création d'un homme nouveau, l'homo liberalus. Il doit penser comme il faut, comme on lui prescrit par les masses médias, par l'agressivité des réseaux sociaux quand les propos ne plaisent pas et permettent de le faire taire. Aucune atteinte aux valeurs traditionnelles ne doit être prise au sérieux, puisque ces valeurs sont traditionnelles, donc rétrogrades. La religion en priorité et tout se qui s'y rapproche, le couple, la famille, le marige, l'adoption ... Au fait, qui se soucie des intérêts des couples hétérosexuels qui ont déjà du mal à adopter? Y a-t-il réellement un besoin en la matière? Non, mais il y a une politique. Tout se passe en douceur, tant que ça va bien. Par l'exclusion progessive des points de vue différents, par leur rejet en dehors des barrières de l'acceptable modernité et du "discutable", par le politiquement correct, par l'impression de liberté totale qui permet de discuter sans fin des détails mais pas des orientations fondamentales. Le nouveau cadre culturel, non-baptisé libéralisme triomphant, se met en place, et l'individu change en son for intérieur, sans liberté de choix, car l'information est presque monopolisée. C'est ce qui se nomme totalitarisme. C'est ce qui ne peut être du libéralisme. Car l'individu n'est pas respecté en tant que tel, il est manipulé en état de douce somnolence.

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